martes, 13 de enero de 2009

En busca del fuego

Entretien avec J-J Annaud


Comment est née l'idée de ce film?


Du hasard. J'avais rencontré Gérard Brach, à la demande de Claude Berri qui pensait que nous pourrions faire un film ensemble. Il s'agissait d'adapter un roman racontant les aventures d'un homme seul avec un loup en Alaska. Ni l'un ni l'autre n'étant intéressés, nous nous sommes mis à bavarder ; quand je lui ai dit que la seule chose qui m'avait plu dans ce livre était un souffle écologique me rappelant “Derzou Ouzala” et les grandes peurs préhistoriques, ça a fait tilt. Lui aussi était passionné. Le jour même nous nous sommes excités comme des fous à l'idée de faire un film sur les premières émotions humaines.
• D'où vous venait ce goût pour la préhistoire ?
Globalement, j'ai toujours été attiré par le passé. A 14 ans, la période pré-héllénique me fascinait et je n'imaginais pas de plus grande récompense que de traduire Hésiode pour mon plaisir. Plus tard, j'ai rencontré une jeune fille dont la mère était spécialiste de l'art précelte et qui vivait dans un milieu de préhistoriens renommés. Je voyais pratiquement tous les jours le professeur André Varagnac, l'héritier spirituel de l'abbé Breuil, et nous passions nos week-ends au musée de Saint-Germain où est exposée une des plus belles collections de fossiles du monde. Ensuite, il y a eu la rencontre avec les cultures primitives en Afrique et une passion totale pour l'anthropologie.
• Quand avez-vous lu “La guerre du feu” ?
Tout jeune en bande dessinée dans Mickey. Plus tard dans la collection “Rouge et Or”. Avec “Francis au pays des fauves”, c'était mon livre préféré. Il se trouve que Gérard Brach avait les mêmes fantasmes.
• Qu'avez-vous gardé du livre ?
Le thème central. L'idée de raconter les débuts de la conquête de la nature par l'homme, sa main mise sur la première énergie qui ne soit pas animale. Il est évident que la découverte des moyens de fabriquer et de reproduire le feu est un pas géant dans l'histoire de l'humanité. Mais nous avons inventé Ika, le personnage féminin, puisque nous avions aussi le désir de montrer l'émergence du sentiment amoureux, le moment où l'on est passé du simple besoin de copuler à la relation de couple, bref à l'amour.
• Quels impératifs vous êtiez-vous fixés dès l'origine ?
Il y en avait très peu mais ils étaient catégoriques : un tournage en décors naturels uniquement, une mise en scène naturaliste, l'invention d'une “langue d'époque”, l'absence de sous-titrage, la nécessité de se débarrasser de la gestuelle de l'homme civilisé et, pour préserver la qualité de l'interprétation, le refus de quoi que ce soit de câblé, de mécanique ou d'électronique dans les masques


• Vous avez le goût de la difficulté...
“La victoire en chantant”, film d'époque tourné en Afrique avec un petit budget était déjà complexe. J'ai incontestablement trouvé mieux... une opération entièrement bilingue dont la pré-production s'est faite en Angleterre et la finition au Canada, avec des tournages dans des endroits “reculés”, pour dire le moins. Mes soixante acteurs devaient être maquillés, j'avais une quantité d'animaux dont certains à “recréer” comme les mammouths. Ajoutez à cela des conditions climatiques rigoureuses, un énorme budget et le poids colossal du matériel de panavision. Effectivement, cette fois je ne crois pas qu'on puisse rassembler plus de difficultés.
• A quelle époque se situe le film ?
Entre 80 000 et 40 000 ans avant notre ère, pendant la période glaciaire de l'ère quaternaire. Nous sommes en plein paléolithique (le néolithique ne commençant que 6 000 ans avant J.C.). Pas de dinosaures ou d'animaux de ce genre, ils sont bien antérieurs. A l'époque où je me situe, il y a des chevaux, des rennes, des loups, des aurochs, des rhinocéros laineux, des mammouths, bref des animaux velus capables de résister au froid. Quant aux hommes, c'est un moment où coexistent des néanderthaliens (ils disparaîtront vers - 35 000) et des homo sapiens “sapiens” apparus vers - 80 000.
• Pourquoi la conquête du feu est-elle si importante ?
Bien avant d'être sapiens, I'homme savait domestiqué le feu, pas forcément le créer. A la période glaciaire, le feu est devenu capital pour la survie car il assure la suprématie sur l'environnement. II donne chaleur, confort et sécurité puisque c'est une arme pour éloigner les prédateurs. C'est aussi une arme de chasse avec laquelle on peut acculer des animaux par exemple jusqu'au rebord d'un précipice où ils tomberont. Restera à aller ramasser leur dépouille. D'autre part, les protéines des aliments cuits étant mieux assimilables, on mange plus et la force croit. Enfin le feu permettra de fabriquer des outils, de pointer des épieux ou d'éclater des silex.
• Vous êtes-vous beaucoup documenté ?
Enormément. J'ai lu beaucoup d'ouvrages sur la préhistoire, des livres d'ethnologie, d'anthropologie, de géologie, d'éthologie (la science des mœurs animales), des livres sur la formation du langage, sur le comportement des animaux, bref, une bibliothèque complète.
• Comment avez-vous montré les premiers hommes ?
Je voulais à tout prix éviter le folklore de l'homme des cavernes réduit à la brute rugissante qui domine son environnement par la force. C'est l'image qu'a popularisé le cinéma. Elle est idiote. L'homme commence dans un univers presque silencieux. Ce devait être une créature pacifique sauf quand on la provoquait, un étranger perdu dans un monde menaçant et muet.
• D'où tirez-vous cette conception, étant donné le peu d'informations dont nous disposons sur l'homme préhistorique ?
De l'immense respect que j'ai pour nos ancêtres. Naturellement, c'est de la science-fiction ou, si vous préférez, une œuvre d'imagination mais sous-tendue par une farouche volonté de reconstitution aussi exacte que possible de l'environnement, des attitudes et d'un système de pensée. Nous nous sommes interdits tout ce qui allait contre les preuves formelles qui sont en notre possession, ce qui nous laisse tout de même une immense marge poétique. La préhistoire est un domaine aussi inconnu que les galaxies. Pourtant chacun est d'accord pour extrapoler à partir de nos maigres connaissances sur le futur, le temps, et l'espace. Pourquoi ne le ferait-on pas sur le passé ?
• Comment avez-vous montré leur vulnérabilité ?
En tournant dans des régions que la civilisation a épargnées, dans d'immenses espaces vierges, au climat extrêmement rigoureux. Mes comédiens n'avaient pas à feindre d'avoir froid ou chaud, à feindre la misère physiologique, ils l'éprouvaient réellement.
• Vous les aviez prévenu que le tournage serait difficile ?
Absolument. Aucun ne s'y est opposé.
• Comment les avez-vous choisi ?
J'en ai vu plus de 3 000. J'ai même songé à utiliser des aborigènes d'Australie. Il me fallait des gens en parfaite condition physique mais aussi de remarquables comédiens, capables d'exprimer toutes les émotions sans le secours du langage. En outre, il était indispensable qu'ils soient inconnus afin d'éviter que le public ne vienne voir des stars en train de faire un numéro de sauvage.


• Pourquoi ne pas avoir tourné en France ?
Les paysages ne s'y prêtent pas, les ciels sont encombrés de pylones, et il y a une buvette à l'entrée de chaque grotte.
• Comment avez-vous travaillé avec Anthony Burgess et Desmond Morris ?
Très facilement parce qu'ils ont tous les deux adoré le scénario. Pour Burgess, j'avais préparé une liste de mots dont j'avais besoin et ils les a forgés à partir de l'indo-européan. Quant à Desmond Morris, il a donné ses indications à Desmond Jones, un mime spécialisé dans le comportement simiesque que j'avais engagé. Puis nous nous sommes réunis et nous avons travaillé avec les acteurs, Burgess enseignant les mots et Morris les gestes.
• Comment avez-vous filmé ?
Comme un reportage, ce qui accentue le caractère d'authenticité. Les conditions étaient telles que nous ne pouvions pas faire plus de trois prises. Chaque scène était tournée en plan large, puis en plan serré sur les acteurs avec deux caméras. L'ensemble du tournage a duré treize semaines, voyages compris, ce qui, pour un tel film, est un record.
• Le son est capital ?
“La guerre du feu” est, à ma connaissance, le premier film français en stéréo Dolby 70 mm. Entre les sons directs, les bruitages, le doublage, les effets, I'ambiance, la musique, il a fallu mixer 80 pistes pour la bande-son. Tout cela a nécessité un long travail en studio pour garantir la qualité et accèder à une certaine dimension poétique.
• C'est un film cher ?
12 millions de dollars. Pour des indépendants, c'est énorme mais je ne crois pas que cela soit très cher pour un film avec autant de décors et de recherches.
• Combien de temps s'est écoulé entre la décision de faire “La guerre du feu” et sa sortie ?
Presque quatre ans. Et quatre années de combat (le film a été arrêté quatre fois) où je menais de front l'enquête théorique, des repérages et des castings dans le monde entier, des essais de costumes, de maquillage et d'accessoires, pour ne rien dire des soucis financiers puis des problèmes de tournage.
• Avez-vous quelquefois douté ?
C'est un coup de poker gipantesque. Mais j'y ai mis toute ma force. Quel que soit le résultat, je suis heureux de l'avoir fait.














Ficha técnica
Director: Jean Jacques Annaud
Título original: La Guerrre du feu
Año: 1981
Duración:93 min.
Nacionalidad: Canadá/USA/Francia
Género: Aventuras/Fantasia
Protagonistas:
Ron Perlman, Everett McGill y Nameer El-Kadi
Guión: Gerard Brach
Música: Philippe Sarde
Color
Sinopsis
Hace 80.000 años la supervivencia del hombre en una tierra inexplorada y desconocida dependía de la posesión del fuego, una forma de combatir el frío y ahuyentar a las fieras. La tribu de los Ulam lo tenía, sabían cuidarlo y usarlo pero no sabían crearlo;de modo que preservarlo era su gran desafío. Cuando un torpe Ulam resbala y cae sobre el fuego apagándolo, la tribu sabe que su existencia está gravemente amenazada. Tres homínidos comienzan su propia búsqueda de la preciada llama para devolvérsela a los Ulam.

Temas
Varios grupos de homínidos se abren camino en la Tierra, mientras conocen los milagros del fuego y la palabra. A lo largo de los 93 minutos de metraje de este film de ciencia ficción podemos aproximarnos imaginariamente a nuestros orígenes.
Todavía la evolución no ha dado origen al actual homo sapiens.Estamos, pues, en una fase anterior del proceso evolutivo, en el momento en que son nuestros antepasados homínidos los que luchan por la supervivencia. Grupos de homínidos diferentes pelean por una herramienta que cambiará sus vidas y las de sus descendientes, el fuego. El grupo protagonista pasará de ser mero conservador del fuego a conocedor de la técnica del fuego.
El fuego abrió a nuestros antepasados las puertas de la técnica, él haría posibles innumerables conquistas posteriores. Es por ello que muchas culturas han simbolizado en el fuego el poder transformador del medio, la base de la superioridad dominadora del hombre sobre el resto de los animales.
Y también la posesión de la palabra constituyó una fuente de poder en nuestros antecesores, que abrió las puertas a la transmisión de información, que hizo posible que los conocimientos adquiridos por una generación continuaran en las generaciones siguientes.
El film recrea en imágenes las primeras formas de lo religioso, la aparición de la risa, del erotismo, los encuentros y problemas con los que son diferentes.
El fuego y la palabra fueron en el pasado dos herramientas básicas para la supervivencia. Las preguntas que hoy nos inquietan son:
¿Se ha convertido hoy la técnica en una amenaza para la vida humana y para la biosfera en general?
¿Ha dejado de ser la palabra instrumento para el entendimiento entre los hombres?
¿Seremos algún día dueños del fuego y la palabra?

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